L’Amour et le digital : le dilemme contemporain.

Aujourd’hui, je vais parler d’un sujet qui me tient particulièrement à coeur : le love. (Vous remarquerez un champ lexical pointilleux). L’amour avec un grand A, mais aussi sa jonction avec le digital avec un grand UI ! #DigitalSavvy Vous l’aurez remarqué, le digital est profondément ancré dans nos habitudes quotidiennes (même pour la génération qui tape avec l’index sur leur smartphone). Il est devenu tellement omniprésent qu’il fait partie du paysage. On ne remarque plus sa présence mais son absence. Il s’est immiscé dans nos vies tel un miracle technologique ou un virus (choisissez votre camp). Il est paradoxalement d’une grande aide pour automatiser des tâches mais chronophage lorsque l’on s’y prend mal (au fond, c’est juste que vous ne savez pas cliquer). Il nous permet de se connecter avec des personnes à l’autre bout du globe à partir d’un like ou d’entamer une relation avec plus si affinité à partir d’un swipe. Mais parlons-en des relations 4.0 (oui, il faut suivre aussi). Le digital nous permet-il réellement de créer des connexions amoureuses qui ont réellement du sens hors de notre cercle ? Ou n’est-il que l’appât pour combler un manque affectif par des relations éphémères et superficielles ? Ouvrons le débat.

Des motivations digitales dans le milieu sentimental.

Qu’elles soient obscures ou sincères, les motivations de rencontrer l’âme soeur sont belles et bien là. On recherche l’Amour parmi une fourmilière de profils dont la description est davantage un argumentaire de vente purement marketing qu’un aperçu authentique et sincère de sa personnalité. On vogue entre top models sûrement prisés par la concurrence, faux comptes, influenceurs en besoin de notoriété, arnaques mais aussi des gens comme toi et moi (ne le prends pas mal). Le choix est intarissable tout en étant insatiable. On se perd dans la mise en place de nos standards subjectifs avec la pluralité de personnes virtuelles qui s’offre à nous. On se retrouve plongé.e.s dans les bas-fonds des applications dont le business modèle est l’Amour, certes, mais surtout (et au fond…) la solitude. Toujours plus, toujours plus vite. Quitte à se paralyser le pouce. On les déteste ces applis, mais on y adhère pourtant de manière compulsive à bras (pouces) ouverts. Si la dépendance affective est le fond de commerce du R’n’B contemporain (et la poésie d’antan), l’Amour est celui de nombreuses vignettes sur notre Smartphone.

Algorithmes des app de rencontres : réussite ou échec ?

On est entouré par ces algorithmes sous-jacents alimentés par un flux constant de données qui dictent nos choix (et pourquoi pas notre vie tant qu’on y est ?). Ces bouts de codes invisibles que l’on craint, mais que l’on nourri malgré tout avec nos chers cookies (vive le goûter). Aujourd’hui, on mesure tout. De la rentabilité d’une action marketing à la performance du rythme cardiaque de notre coeur en plein effort (imaginez ce que vous voulez…). Les chiffres, les statistiques, les données sont notre métrique pour optimiser sans cesse notre vie, et ce, sur tous ses plans. On remarque même l’essor du bullet journal qui mêle créativité et Big Data à travers un flot de vidéos Youtube. On dépasse ses propres limites, certes, mais on se compare énormément. Et il me semble que ce n’est plus la peine de prouver que cette comparaison est complètement néfaste à notre bien-être. Revenons aux algorithmes des sentiments. Etant donné que les stats sont désormais la norme sur la toile, quelles sont-elles sur notre sujet ? On remarque de nombreux indicateurs sur ces app de rencontre qui permettent à l’algorithme de classer les profils (mais où est passé le romantisme ?). On entend parler d’indicateur de désirabilité et de score d’Elo qui s’avère être un système de notation basé sur les ressemblances physiques ou sur un niveau d’attractivité qui doit être égal entre les deux prétendants. Le swipe et l’éternel choix provoquent l’addiction du côté féminin, l’absence de match et l’affichage de profils hors critères qui incitent aux options payantes du côté masculin. On se pose la question du sexisme sur ce type d’app : il se trouve que sur Tinder, les hommes qui ont un haut niveau d’étude ont des points bonus, mais à l’inverse les femmes auront des malus avec ce même bagage éducatif. De l’autre côté de notre écran, on évalue l’attractivité, l’intelligence mais surtout le physique. On est loin d’être tous égaux et c’est le business modèle qu’a choisi Tinder. Judith Duportail en parle de manière précise et décalée dans son livre L’ Amour sous algorithme (Mars 2019). Les algorithmes permettent toutefois de répartir convenablement l’attention digitale (libre à vous d’y croire).

Ma propre expérience.

Notre comportement que l’on a réellement sur Internet est aux antipodes (je force le trait) du comportement que l’on pense avoir. De manière purement subjective, il me semble que l’on s’oriente davantage vers la mise en place de projets à deux pensés grandioses mais qui sont en réalité futiles, voire même inexistant (souvent). Le dating en ligne est perçu comme un exutoire virtuel, mais bien réel au niveau émotionnel. Le ghost est à portée de pouce. (On peut aussi l’appeler le next du lâche). L’intérêt est en dent de scie, mais avec un seul cycle. Les émotions générées pendant ces rencontres sont souvent proches de la flemmardise à ses débuts, puis fortes en cas de réel match, pour se poursuivre de manière décousues et retomber au stade de poussière. Plus on élargi ses connaissances (ses abonnés par la même occasion), puis on augmente nos critères pour matcher avec le profil-fit (soit le #marketfit pour ceux qui n’auraient pas saisi). On part en quête d’un.e idéal.e sans prendre le temps de le/la connaître. En sachant qu’une fois notre cercle de relation défini et installé (dans notre vie routinière d’adulte), on a de plus en plus de mal à rencontrer de nouvelles personnes. Les app de dating apparaissent donc comme une parfaite réponse à ce bloquage. Finalement, les app de rencontres ne seraient-elles pas le système D du plan Q ?

Si on devait faire un bilan…

Le digital facilite les rencontres, c’est une évidence, puisqu’il les provoque. Autrement, Tinder, Bumble, Happn, Grindr, Adopte Un Mec et Meetic (il fallait faire plus de pub pour les autres) seraient en train de se reconvertir dans les cours de cuisine en groupe pour faciliter les amourettes (#BisousMeetic). Elles servent parfois l’Amour sur un plateau, parfois seulement du sexe, pour les chanceux les deux (ou les malicieux qui ont dompté le Big Data). Il est vrai que les app suppriment le risque d’aborder la personne #IRL, mais elles suppriment également la valeur attribuée à ce risque dans une rencontre. Pour ma part, on est certes à l’apogée de la recherche du Prince charmant 69.0 ou de la Princesse digitale, mais…

On est surtout au coeur de la Data Baise. 

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