Ce week-end je (me) débattais avec mes parents sur un sujet qui leur parait encore naissant alors que, pour moi, il fait parti de mon paysage depuis plus d’une décennie : les réseaux sociaux. Les avis divergent, les générations s’entre-choquent. Les arguments sont pourtant viables, mais les codes diffèrent tellement que l’on a du mal à s’entendre, s’écouter et se comprendre. L’affichage de notre vie privée sur les réseaux sociaux fait parti des notre quotidien, de nos habitudes bien implantées (voir même de notre addiction pour les plus dark d’entre nous, mais nous y reviendrons). Ce show-off est-il en réalité une mise en scène d’ordre narcissique ? A-t-on besoin des réseaux sociaux pour pallier un inconfort lié à notre vie jugée comme subie ? Ou sont-ils des outils sincèrement bienveillants dans le simple but de partager voire d’inspirer son entourage ? Subjectivement, il me semble que la frontière entre chacune de ces stipulations reste très fine.
Une dichotomie inter-générationnel ?
On a suffisamment entendu ses aïeuls tenir des remarques désobligeantes concernant la manière dont les “djeun’s” (mot banni depuis 2010) se comportent sur “ces technologies”. Chaque génération a son vécu et ses tares, et ça n’a pas empêché à chacune d’entre elles d’apporter une pierre à l’édifice qu’est notre (belle ? insouciante ? désorganisée ? ignorante ? bonne à jeter ?) société d’aujourd’hui. Il va sans dire qu’un accord universel est loin d’être palpable sur ce sujet à travers les générations. C’est aussi ce qui alimente les débats endiablés en famille lors des repas de fin d’année. Mais, toutefois, chacun a ses croyances, ses convictions et son vécu, ce qui rend une compréhension globale parfois difficile à atteindre. Je ne sais pas toi, mais j’ai souvent l’impression d’entrer dans une conversation à sens unique(s) lorsque j’explique l’utilisation que je fais des réseaux sociaux, que ça soit à titre personnel ou professionnel. Un dialogue de sourds aux langages inadéquats qui émanent de malentendants. On n’entrera pas dans la sphère psychologique de l’écoute active, de l’individualisme et du conformisme, même si le sujet est tout aussi intéressant. Malgré une réelle volonté de dialogue, je trouve difficile de rallier les différentes générations à la cause, non pas pour les faire adhérer, mais simplement pour leur faire entendre le sens et l’utilité que l’on trouve derrière cette utilisation frénétique des réseaux sociaux. Car l’ensemble des générations adhère à ces réseaux sociaux, mais beaucoup le font à contre-coeur pour être conformes à une société numérique qui avance trop vite, ou peinent à maîtriser techniquement l’outil (big up à tous les sommets de crânes que l’on a pu voir sur les appels visio). De la volonté de vouloir se connecter avec une pluralité de personnes à distance, notre énergie se déconnecte progressivement : on se tient au courant avec une prise de tête.
Une vitrine sociale à tendance vitale.
On ne peut pas nier que certain.e.s se pavanent sur les réseaux sociaux en badinant des citations de K(ul) Kardashian en légende d’une photo qui respecte soigneusement les codes de la vulgarité (je vous aurai bien partagé des exemples, mais je n’ai pas l’énergie pour gérer les probables représailles). Et il se trouve que ces personnes génèrent, souvent, énormément de traffic. Parce que tout ce qui touche de près ou de loin au sexe attise et fait vendre. Mais pas seulement. Peut-être que de mettre en scène (seulement) ses atouts permet la validation d’autrui (autrui étant une masse incommensurable de fanatiques virtuels s’apparentant à des inconnus ayant un attrait plus ou moins développé pour le voyeurisme #stalk), et donc d’un sempiternel abreuvage de l’égo #flatteryneverstops. C’est ce qu’on appelle le circuit de la récompense, soit celui d’avoir toujours plus de likes, d’interactions sur ses contenus de tous types et donc au fond : de l’attention. Les réseaux comblent de nombreux manques, d’où les nouvelles pathologies du type “nomophobia” (no-mobile phobia, soit le fait de ne jamais éteindre son téléphone) qui sont en pleine recrudescence. Paraît-il que les instruits 4.0 de la Silicon Valley se questionnent durablement sur leur responsabilité concernant ce fléau. Pour ma part, il me semble que leur priorité s’avère être davantage axée sur le R.O.I. (Return On Investment) que le client ROI. Mais loin de moi de faire un article anxiogène (trop tard ?). Je parlerai plutôt d’un simple état des lieux…
Pourtant, il y a du bon aussi.
Que seraient ces aventuriers en voyage à l’autre bout de la planète sans leur blog qui dévoilent des photographies et des expériences fascinantes ? Que seraient ces personnes qui nous inculquent des nouveaux modes de consommation en phase avec l’écologie sans leur comptes Instagram ? Que seraient ces philosophes contemporains qui nous expliquent des concepts et idées oubliés mais pourtant d’actualité sans leurs vidéos Youtube ? Qui nous ferait rire sur TikTok ? (Bon OK, là on va trop loin). Leur point commun, pour ma part : le partage. Leur contenu est souvent issu d’une passion, d’un intérêt accru pour une discipline ou dans l’authentique volonté de partager un savoir, un avis, une parole. Nombreux sont ceux qui ont acquis une audience assidue et qui ont pu vivre de cette essence digitale. La monétisation de cette envie a pu dévier la sincérité de certains influenceur.se.s afin d’accroître leurs revenus personnels, mais le capitalisme ambiant nous pousse aussi vers cette direction afin de vivre égoïstement notre vie drivée par la #thunasse. Mais ce partage, il est possible que par ce type de plateformes où des milliers d’internautes sont connectés. Ne soyons pas cyniques, il y a beaucoup de bienveillance. Et c’est cette authenticité et cette transparence qui plaît aujourd’hui et que l’on demande aux influenceurs, aux marques et aux médias (on a du chemin à faire sur ce dernier point… #corruption). Et cette transparence, elle est souvent prouvée en live par des paroles, certes, mais de plus en plus par des véritables actions, pour gagner la confiance de plus en plus difficile à détenir des internautes. Le positif éclot doucement mais sûrement, et j’y crois dûment (si si, je vous assure).
Je reste convaincue que les réseaux sociaux sont autre chose qu’un outil pour flatter un ego meurtri #bichette. Bien que leur ADN tirent sur les ficelles de l’addiction et que le tactile n’ait jamais été aussi impalpable, nous pouvons aussi nous rejeter l’API(erre) sur nous et notre responsabilité. Manquerait-on cruellement de prise de recul et de maturité pour ne pas avoir la volonté nécessaire afin de nous en éloigner ? Ou sommes nous simplement les éternels AB test d’un engrenage tout droit sorti de la matrice créée en partie par la Silicon Valley (oui encore eux) ? #complot. On n’est pas ici pour faire une tirade type développement personnel sur l’équilibre, mais au fond, les chakras disent peut-être vrai… #àméditer.
Moralité : ne plus dépendre d’un dièse de type harsh tag.