Le capitalisme de surveillance

Ça claque, ça prend aux tripes et ça fait peur à la fois. Le capitalisme de surveillance ou ce doux euphémisme (on l’espère naïvement du moins…) est une grande interrogation actuelle et en devenir. C’est pourquoi je trouve intéressant et presque primordial de me pencher dessus. J’avais besoin, moi aussi, d’être éclairée sur le sujet afin de mieux l’apprivoiser dans mon quotidien tracké de tous les côtés #BigBrotherIsWatchingYou. On ne va pas se mentir : bossant dans le marketing digital, je suis déjà suffisamment en alerte sur les procédés de surveillance actifs sur mes divers appareils électroniques et (sur)connectés. Lorsqu’on réalise à quel point on est suivi, pisté et épié, on se sent comme violé dans son intimité par des forces abstraites du web qui restent, qui plus est, impalpables. La sensation de ne pas avoir le contrôle sur ce que l’on partage de son morceau de vie sur Internet. Cette parcelle intime dont une grande partie (nos précieuses données personnelles, #bisousRGPD) est soigneusement analysée par des geeks avertis (que l’on imagine aller en meeting type “stand-up” vêtus de costard-baskets blanches en descendant des toboggans virevoltant à travers l’open space #WelcomeSiliconValley. On ne va pas se mentir, le cadre fait rêver). Et ce, sur un fond de profit et de bénéfice : le capitalisme fait son entrée sournoise… C’est souvent dans ces moments de lucidité numérique que le déni prend le relai (merci d’adoucir ma vie cher déni). Et si on en apprenait plus ensemble ?

Le capitalisme de surveillance : THE concept.

Il fait froid aux yeux, tu ne trouves pas ? Peut-être parce qu’il est récent, car le capitalisme de surveillance date seulement des années 2000. Il succède doucement (mais sûrement) au capitalisme industriel. Petit rappel : le capitalisme industriel est l’investissement de richesses accumulées dans le but de réaliser des profits. Tu l’as compris, le profit est toujours d’actualité et, qu’on se le dise, on ne s’en débarrassera pas de sitôt ! Donc autant l’apprivoiser pour en tirer le meilleur, sans oublier des belles valeurs comme l’éthique ou l’écologie et j’en passe (parce qu’on est pas des enfoirés quand même). Et l’enfer est pavé de bonnes intentions on a ouïe dire… Shoshana Zuboff parle notamment de ce changement d’ère dans son ouvrage The Age of Surveillance Capitalism: The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power. La version française bientôt en ligne/librairie ici). On incriminer les géants du numérique (les GAFAs de leur petit nom pour Google-Apple-Facebook-Amazon. L’appellation est ensuite devenue GAFAM avec Microsoft puis FAAMG en ajoutant Alphabet… puis FANGAM avec Netflix… et bientôt FANGAMP avec Pix’elle, la suite logique) pour avoir esquissé les prémices du capitalisme de surveillance. On pourrait définir cette nouvelle ère comme un système économique basé sur la recherche de profit en usant des données personnelles des internautes afin de mieux cibler l’offre de l’entreprise en question. Tu l’auras compris, l’optimisation est encore sur le tapis (ou dessous. Soigneusement dissimulée mais bien présente, aux aguets…). Mais nous avons nous aussi une responsabilité numérique. Ou le fait de prendre conscience quelles données on accepte de donner (lorsqu’on a un semblant de main mise dessus) et à qui on les transmet.

Le marketing de surveillance.

On se pose alors la question de la viabilité de l’attribut “privé” de notre vie. Les conversations déchainées sur le debrief de notre soirée arrosée de la veille se retrouvent-elles dans les serveurs de Google pour ensuite nous proposer des publicités Instagram du type “Découvrez sans tarder notre nouvelle eau de vie bio/vegan/avec extraits d’Aloe Vera/sans Parabène/Ibuprofène pour allier santé et soirée en toute sérénité” ? On n’en est pas si loin… Je parlais avec une amie au téléphone de chaussettes qui pouvaient se porter avec des tongs (don’t judge). Il se trouve que j’ai pu apercevoir assez rapidement des pubs type affichage Display sur ces mêmes chaussettes lors de scrolls intempestifs sur la toile. Je vous assure, je ne connaissais pas l’existence de ce type de produit avant ce même coup de fil (ça se dit encore ça ?). On peut voir cette situation délibérément testée par l’Américain Mitchollow dans cette vidéo Youtube (je vous préviens, c’est creepy. La totalité de cet article est creepy. I quit). La frontière entre “je donne délibérément et consciemment des informations personnelles” et “j’accepte insidieusement de partager mes datas mais, au fond, je ne suis pas au courant” est très fine. Trop fine. C’est d’ailleurs dans cette optique de définir cette frontière qu’est sortie la loi RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) en Avril 2016. Tu vois, il y a quand même du positif dans toute cette complexité digitale.

Des issues..?

Je me suis dit qu’une partie optimiste était primordiale dans cet article. Je n’ai pas envie d’être à la source d’une montée soudaine d’anxiolytiques à cause d’une volonté d’un peu (trop) de transparence sur un sujet qui me chiffonne. Dis-toi qu’une bonne partie de tes informations sont collectées grâce (à cause ?) des cookies que tu acceptent en chillant (okay… en bossant) sur le web. Pour faire simple, les cookies sont des données qui vont être collectées puis analysées lorsque tu navigueras sur une page Internet/application. En les acceptant, tu t’engages à ce que l’entité qui les demande les utilisent en vue de te proposer des publicités ciblées. L’intention est bonne, dans le sens où les cookies évitent de t’afficher des messages publicitaires sur des jouets pour chiens (si t’as regardé ma source plus haut, t’as la ref) alors que ton dada : c’est les chats. Ils sont sympas au fond, ils veulent te faire gagner du temps et de l’énergie ! (rires). N’oublions pas qu’un message publicitaire a des fins pécuniaires. Et je n’oublie pas non plus que ça fait partie de mon travail (really ? T’es une corrompue donc ?). Je me défendrai en disant… Pas tout à fait. Il est primordial pour moi de choisir une entreprise dont l’activité fait sens pour soi, mais aussi pour le futur de notre planète et de nos générations (Amen). Je sais ce que c’est de faire du marketing digital pour une boite dont l’essence même n’est, subjectivement, pas viable. On perd le sens de notre travail et on commence à se poser des questions sur l’éthique du marketing, et sa raison d’être. Pourtant, j’aime mon travail. J’aime le marketing et ses outils toujours plus futuristes. Mais ne perdons pas de vue le sens derrière tout ça. Le marketing est un outil très puissant, il doit être utilisé à bon escient et pour les bonnes causes. (Après… Il faut bien manger aussi… Et avoir la thunasse pour faire la queue chez Zara en cas de confinement). Tout est (encore) question d’équilibre entre tirer parti de notre système capitaliste et ses valeurs profondes, son éthique.


Le contenu que l’on retrouve sur nos écrans parlent d’eux-mêmes, que ce soit des articles, des vidéos ou des films comme Snowden, The Great Hack ou The Circle; l’utilisation des données personnelles fait polémique, soulève des débats et de nombreuses interrogations. Désolée de vous décevoir, mais je n’apporterai pas de solution(s) faramineuse(s) à ces controverses, ni même d’autres entités d’ailleurs. Mais on y travaille tous, afin de rendre notre monde plus juste, plus honnête et plus sain (tu rêves ma pauvre fille), et ce, main dans la main (stop it now). Comme toute polémique, il y a des points de vue et opinions qui divergent. Et c’est ce qui fait aussi la diversité de notre monde pour notre plus grand émerveillement. On peut déjà se féliciter d’une prise de conscience.

Vigilance sur l’espionnage à outrance…

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